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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 12:40

Collection AlloCiné / www.collectionchristophel.fr

Considéré comme l'une des plus belles réussites de l'immense carrière de Claude Chabrol, La cérémonie, en effet, ne déçoit pas, s'affirmant comme une étude psychologique remarquable et dérangeante.
Tableau féroce de la lutte des classes, La cérémonie met en lumière un duo d'actrices au sommet de leurt art: Isabelle Huppert n'a jamais paru aussi naturelle, délurée, et torturée, tandis que Sandrine Bonnaire interprète son rôle avec une austérité et une ambivalence glaçantes. Chabrol dirige l'ensemble de main de maître: outre sa direction d'acteurs exceptionnelle, sa réalisation, austère, réaliste, sans concessions, fait régner ausein du récit une douce tension, et le conduit tout doucement jusqu'au final, glaçant. L'étude de personnages est parfaite: Sophie, la bonne, est une femme compétente, mais repliée sur elle-même, minée par un profond complexe qui accentue davantage sa position d'infériorité vis-à-vis de la famille bourgeoise qui l'embauche; Jeanne est une postière excentrique, curieuse et envieuse, qui, sous des apparences délurées, cachent des abîmes de souffrance liée à son passé trouble. Quand les deux femmes se lient d'amitié, le ressentiment de Jeanne s'allie au complexe d'infériorité de Sophie, les ouffrances mutuelles explosent intérieurement, et la tension monte, inexorablement, mais d'une progression si lente, si étudiée, par touches apparemment si anodines, que le spectateur est d'autant plus soufflé de la conclusion, de la froideur avec laquelle les deux femmes passent à l'acte, de la préméditation progressive et inconsciente de ce massacre, ce qui le rend d'autant plus dérangeant. Face à tant de souffrance, les sentiments et la compassion n'ont plus leur place: ainsi, même les multiples tentatives de gentillesse et d'aide de la part de Melinda, la fille de la famille bourgeoise, n'y peuvent rien. La machine est en marche, l'issue tragique est écrite.

Etude sans concessions de la souffrance, du ressentiment et des conflits sociaux, La cérémonie s'impose comme un film vrai, dur et dérangeant. Une réussite majeure dans la filmographie du regretté Claude Chabrol.

8/10



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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 12:13

Carlotta Films

Précédé d'une réputation exceptionnelle, Les chaussons rouges, inconnu du grand public, est assurément une oeuvre à découvrir.
Sans être au niveau stratosphérique où de nombreuses critiques le placent, Les chaussons rouges reste néanmoins et avant tout un récit absolument passionnant sur l'art, la dévotion et l'exigeance absolues qu'il recquiert, et la passsion dévastatrice qu'il suscite. A ce titre, le premier dialogue entre le personnage de Victoria Page et le directeur Boris Lermontov reste un modèle d'écriture et d'intelligence. "Pourquoi voulez-vous danser?" l'interroge le directeur du ballet. "Pourquoi voulez-vous vivre?" lui rétorque la jeune danseuse. Ces deux répliques mettent à elle-seule en lumière toutes les interrogations du film. A travers le personnage de Victoria Page, c'est bien une étude passionnante de l'art et du statut d'artiste qui se dessine, cet art qui exclut paradoxalement toute possibilité de liberté à l'artiste, qui le vampirise. La création exclut-elle toute possibilité de vivre? Le dilemme du personnage principal rejoint ainsi des préoccupations existentielles majeures: que faire lorsque l'on doit choisir entre sa passion pour la danse et son amour pour un homme, sachant que les deux sont incompatibles? Ce choix tragique est remarquablement illustré à la fin, lorsque le trio de personnages principaux se retrouvent dans la même pièce, l'amoureux face au patron du ballet, qui symbolise la danse, et la jeune femme tiraillée entre les deux. En-dehors de toutes ces réflexions essentielles, le film se révèle assez beau plastiquement, notamment lors d'une scène de bal trop longue mais à l'esthétique flamboyante. Hormis le personnage au centre de toutes les préoccupations, celui de Boris Lermontov se révèle admirable de charisme et de névrose: interprété magistralement par Anton Walbrook, il s'agit là d'un homme d'une dureté, d'une élégance, et d'une complexité étonnantes. Le début expose les coulisses du milieu de la danse, de la difficulté d'y entrer. La séquence centrale du ballet des chaussons rouges est trop étirée en longueur, d'où un certain ennui, mais la fin, reprise du même ballet sans la tête d'affiche, se révèle particulièrement émouvante.

En nous invitant dans le milieu d'un ballet de danse, Les chaussons rouges met en exergue l'art dans toute sa complexité, et pose des questions essentielles. Si le film s'étire parfois inutilement, il reste une oeuvre passionante.

8/10



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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 17:51

Cinéaste éclectique et ambitieux, Ridley Scott, comme tout auteur prolifique, a connu des hauts et des bas dans sa filmographie, dont Blade Runner constitue incontestablement le sommet. 
Face à un film d'une telle richesse, on ne sait par où commencer. Blade Runner est un tel choc, aussi bien narratif que graphique, que les mots sont trop faibles pour le décrire. Que dire de cette atmosphère dantesque, onirique, sombre, pluvieuse et déshumanisée, bourrée de référence punk, gothique et underground, si ce n'est qu'elle constitue une oeuvre d'art à elle-seule? Que dire de cette photographie crépusculaire, de cette mise en scène ultra-stylisée, travaillée à l'extrême, et parcourue de fulgurances d'une beauté transcendantes? Que dire du casting féminin, exceptionnel de sensualité, d'innocence et de brutalité mêlées, et du charisme magnétique de Rutger Hauer? Que dire d'un scénario si intelligent, si profond, si stupéfiant qu'il laisse le spectateur ébahi? Blade Runner est un diamant brut, qui manie le trouble et l'ambiguité, pour dresser un portrait chaotique de l'humanité. Dans un Los Angeles aseptisé, impersonnel, plongé dans la confusion, et où les chinois semblent avoir pris le contrôle du commerce, le récit traduit la souffrance, l'instinct de survie, le rejet social par l'intermédaire des Réplicans, ces robots à apparence humaine utilisés comme esclaves. Seulement, le scénario démontre à plusieurs reprises, au moyen de la symbolique religieuse notamment, qu'à ce prendre pour Dieu, les hommes se perdent, se déshumanisent, ne prenant pas conscience que leurs créations ont une âme, et ressentent des émotions. Le film devient alors une réflexion métaphysique sur la sensibilité, la prise de conscience de sa propre condition (à travers cette quête d'immortalité des réplicants rebelles), de l'inéluctabilité de la mort, qui détruit tout et plonge les êtres dans l'oubli. A ce titre, la mort de Roy, le chef des réplicants, est l'une des plus belles séquences du Septième Art. Sa dernière réplique est d'une puissance et d'une poésie inégalées. Tout du long, le récit prend la forme d'une traque. La scène de poursuite finale, où les rôles de traqueur et de traqué s'inversent, est absolument exceptionnelle. Le dernier plan, s'il laisse quelques interrogations en suspend, traduit de façon subtile que, dans ce monde aseptisé, des étincelles d'humanité peuvent surgir.

Conjuguant à la perfection scénario métaphysique et sensible à une esthétique gothique et futuriste de toute beauté, Blade Runner est un poème désabusé sur la condition humaine, un monument de science-fiction visionnaire à plus d'un titre. Pour conclure, je finirai par la fameuse dernière tirade du chef des réplicants, qui se passe de commentaire tant la poésie et la beauté qui en émanent laisse pantois: "J'ai vu tant de choses que vous, humains, ne pourriez croire. De grands navires en feu surgissant de l'épaule d'Orion. J'ai vu des rayons fabuleux, des rayons C briller dans l'ombre de la porte de Tannhäuser. Tous ces moments se perdront dans l'oubli, comme les larmes dans la pluie... Il est temps de mourir."

10/10



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24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 15:20

Durant toute sa carrière, Stanley Kubrick n'aura eu de cesse de développer les thèses humanistes qui lui sont chères. Et si Eyes Wide Shut, son ultime film, se démarque des précédents, c'est que le cinéaste américain emmène son récit sur des terrains plus intimistes, et donc plus proches du spectateur.
Plongée sans complaisance dans les travers de la nature humaine, Eyes Wide Shut est un film à l'atmosphère inoubliable d'étrangeté, de tensions et de fantasmes mêlés, rappelant en cela les meilleures oeuvres lynchiennes, et c'est d'autant plus fascinant que le récit est en fait incroyablement pensé, analysé, construit avec une minutie obsessionnelle (l'architecture de l'histoire s'apparente à une boucle). Oeuvre-testament hantée par la mort, Eyes Wide Shut voit Kubrick se mettre à nu face à ses obsessions, livrant au final un portrait complexe de la nature humaine d'une rigueur psychologique saisissante qui transcende l'analyse de couple: à cet égard, le monologue de Nicole Kidman qui dévoile à son mari son obsession est d'une puissance dévastatrice, un témoignage d'amour absolu qui met en perspective la fragilité extrême de la vie sociale et refuse toute moralité. Réflexion sur l'obsession, le voyeurisme et la tentation de la transgression, Eyes Wide Shut est un film absolu d'ambiguïtés, traversé par une magnifique étude du sexe comme objet de plaisir, de libération, de perversité et de danger. Et tout le paradoxe du propos de Kubrick est là, souligné par la conclusion du film: si le sexe est le moteur de l'adultère et de la tromperie, il est à la fois et indissociablement le facteur de longévité d'un couple. Kubrick pointe la perversité, les obsessions inavouables présentes en chacun de nous. Ici, le civilisé n'est qu'un travestissement qui masque nos pulsions les plus enfouis. Le cinéaste américain prend le parti d'une mise en scène plus classique que pour ses oeuvres précédentes, afin de mieux coller à l'esprit intimiste du récit. Néanmoins, la scène centrale de l'histoire, à savoir l'orgie, se révèle d'une beauté baroque assez stupéfiante. Exigeant, le récit reste pourtant passionnant sur la durée. Eyes Wide Shut offre également à Nicole Kidman son plus grand rôle: elle est incroyable de vérité et de présence.

A mi-chemin entre drame psychologique, thriller envoûtant et conte fantasmagorique, Eyes Wide Shut clôt l'oeuvre monumental d'un cinéaste qui aura marqué pratiquement tous les genres du cinéma, avec au final un seul et même objectif en ligne de mire: questionner l'Homme, dans toute son ambigue complexité.

9/10



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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 18:19

En 1989 sortait Santa Sangre, le film le plus célèbre de la carrière d'Alejandro Jodorowsky. Et pourtant, seuls les cinéphiles les plus avertis ont pu visionner cet ovni, tant l'oeuvre du cinéaste est méconnu du grand public.
Dès le début, et ce, jusqu'à la fin, le film fait preuve d'une exigence visuelle et d'une richesse narrative hors normes: la polyvalence artistique de Jodorowsky explose littéralement ici, tant il met en avant ses talents de cinéaste, musicien, peintre, marionnettiste et de mime. Habité par quelques instants d'une richesse onirique rarement approchée au cinéma (les retrouvailles avec Alma,...), Santa Sangre s'impose ainsi comme un hommage flamboyant à l'art, un poème macabre et sensible, une symphonie sensitive déroutante et un monument baroque. Une oeuvre d'art absolue, riche en clins d'oeil, avec notamment ce meurtre sauvage rappelant les meilleurs giallos d'Argento. Devant un film tel que celui-ci, tous les sens du spectateur doivent être en éveil. Même si le film se perd parfois dans les méandres de sa complexité, le scénario se révèle relativement accessible au final. Il faut cependant accepter d'être emporté pendant un long moment dans un univers trouble, dérangeant, traumatisant, où réalité et fantasmes sont filmés dans un même climat d'étrangeté, de tensions, si bien que l'on ne parvient plus à distinguer les deux, comme le personnage principal. Mélangeant habilement mythes (thème de la mère castratrice,...) et modernité, le récit se conclut sur une fin magnifique d'ambivalence, où le personnage principal, définitivement libéré se son traumatisme psychologique, se retrouve à nouveau prisonnier de façon physique. L'oeuvre est exigeante, si bien qu'il n'est pas impossible de décrocher, mais elle mérite d'être vu. Un tel objet de fascination, à la fois somptueux et frustrant, magique et excessif, ne peut en tout cas laisser indifférent.

Santa Sangre fait partie de ces grands films malades qui hantent longtemps après leur vision, de ces oeuvres-somme uniques et inclassables dont on ressort épuisé tant chaque plan accaparent tous nos sens. Exigeant, ce poème filmé reste indispensable.

8/10



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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 22:20

Avec Les yeux sans visage, Georges Franju convoque tous les ingrédients pour nous livrer une sorte d'idéal du film d'horreur.
Dès le générique, Franju instaure une ambiance froide et réaliste, parfois même clinique. Si la globalité du long-métrage se montre volontairement austère, il serait regrettable d'ignorer ces quelques envolées poétiques qui parsèment le film: en effet, cette longue séquence où la jeune femme déambule dans la maison, accompagnée par le magnifique thème musical de Maurice Jarre, restera un moment de cinéma vraiment envoûtant. Dans Les yeux sans visage, l'épure stylistique formelle s'accompagne d'un récit particulièrement dépouillé, qui se concentre sur le développement basique de son intrigue sans négliger ses personnages. Si l'aspect policier reste classique, et que les séquences d'épouvantes se révèlent moins efficace que dans les années 50, Les yeux sans visage tire toute sa puissance de son étude passionnante des personnages, de leur état d'âme, et des liens qui les unissent. Le personnage de Pierre Brasseur est un modèle d'ambiguité: rongé par la culpabilité d'être l'auteur des séquelles faciales de sa fille, le personnage, médecin renommé, tente de se racheter par tous les moyens, y compris le meurtre. C'est cette obsession qui les mèneront, son assistante et lui, jusqu'à un point de non-retour et une fin inévitablement tragique. Les yeux sans visage est assurément un chef-d'oeuvre du film d'horreur en ce sens qu'il en renouvelle totalement la portée: ici, la violence, le glauque, et la cruauté sont les moyens d'exprimer un sentiment de mal-être, de tristesse et de culpabilité. Ce n'est plus un film d'horreur, mais un drame humain qui se joue sous nos yeux, confirmant au passage que derrière les plus grands films d'épouvante se cache souvent une bouleversante histoire d'amour.

Magnifié par la partition de Maurice Jarre, Les yeux sans visage est une histoire terrible, qui utilise le registre du film d'horreur pour parler des tourments de l'âme humaine dans ce qu'ils ont de plus dramatique. Un grand film, assurément.

8/10



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19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 11:10

Relecture moderne du mythe oriental du manchot expert en arts martiaux, The Blade se révèle, dans l'absolu, un récit tout ce qu'il y a de plus classique.
Tsui Hark recycle tous les ingrédients du genre: ainsi, vengeance, traditions, honneur, arts martiaux, initiation, courage, patience, amour et héroïsme se côtoient dans un récit assez balisé, prévisible, mais plutôt plaisant. La mise en scène, toujours dans l'excès et le mouvement, se révèle hideuse dans la première partie du film, notamment la première séquence de combat, totalement illisible, et celle, interminable et grotesque, où le héros perd son bras. Seulement, la suite s'avère plus maîtrisée dans sa folie formelle, plus jubilatoire pour le spectateur, et nous gratifie d'un combat final assez dantesque. Les acteurs, pratiquants en arts martiaux pour la plupart, sont au final plutôt médiocres en ce qui concerne l'interprétation à proprement parler.

The Blade est un film qui gagne en intérêt au fil du récit, un petit plaisir coupable qu'il serait dommage de négliger, même si l'ensemble manque de maîtrise dans sa réalisation et d'originalité dans son script. Un film sympathique, mais oubliable.

6/10



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19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 10:46

Ciné Classic

Peut-être le film le plus renommé d'Orson Welles après Citizen Kane, La soif du mal voit son auteur s'intéresser au genre du film noir. Seulement, Welles est un immense technicien doublé d'un scénariste exigeant, si bien qu'il n'aborde pas le genre sans en enrichir ces composantes, et à s'en servir pour aborder ses obsessions les plus personnelles.
Le célèbre plan-séquence qui ouvre le film figure sans conteste parmi les plus grandes scènes du cinéma. En effet, Welles transcende l'exercice de style, la virtuosité technique du plan se mettant au service d'un suspens, d'un enjeu dramatique, là où la grande majorité des plans-séquences d'autres cinéastes n'ont qu'un but esthétique ou gratuit. Sous influence expressionniste, la photographie plonge le film dans une atmosphère sombre et moite, et donne lieu à de superbes séquences. Seulement, La soif du mal se révèle un peu hésitant: le cinéaste s'encombre trop d'un aspect enquête policier hyper-classique et lassant, car l'unique raison de vivre d'un tel long-métrage reste avant tout le rôle joué par Orson Welles. Personnage emblématique de tout un pan du cinéma, Hank Quinlan, policier corrompu, donne toute son ampleur et sa noirceur désespérée à ce long-métrage. Le film est d'autant plus troublant qu'il semble fasciné par l'ambiguité du mal, symbolisé par Quinlan. La mise en scène multiplie les cadrages asymétriques pour rendre compte d'un monde déstabilisé, perdu, et Welles filme son personnage corrompu en contre-plongées stupéfiantes qui le présente dans toute sa monstruosité physique, son charisme imposant, et son vice dégoulinant. A chacune de ses apparitions, il occupe quasiment l'écran à lui tout seul. A travers lui, le mal est décortiqué, analysé, il est présenté comme bouffi, insensible, désabusé, rongé par ses propres démons et sans possibilité de rédemption. Toute l'ambivalence vient de l'intelligence du personnage, son instinct, sa vivacité d'esprit, et des fantômes qui hantent son passé. Welles nous donne donc à voir le mal sous tous ses angles, et utilise même le soi-disant bien pour le mettre davantage en avant. Ici, le héros n'est qu'un prétexte, un faire-valoir. L'auteur ne s'y intéresse pas, et il suffit de voir la fin pour s'en convaincre: le personnage de Charlton Heston quitte l'écran de façon abrupte, et c'est bien le personnage de Welles et son entourage qui concluent le film.

La soif du mal est une oeuvre passionnante quand elle met en avant ce personnage mythique qu'est Hank Quinlan. Dommage que l'enquête policière occupe une trop longue partie du long-métrage, et fasse perdre un peu de sa substance au récit. Néanmoins, un tel film est grandement recommendable.

7/10



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19 décembre 2010 7 19 /12 /décembre /2010 10:07

Les Acacias Cinéaudience

Avec Série noire, Alain Corneau atteint les sommets du film noir à la française. Une oeuvre à l'esthétique sombre et austère pour un script particulièrement brillant.
Série noire se distingue avant tout par la qualité unanime du casting avec, en tête d'affiche, un Patrick Dewaere époustouflant dans un rôle aussi psychologique que physique. Il confère à ce personnage de représentant de commerce une vitalité, une nervosité constantes, un état d'esprit teinté de détachement, de tendresse et de violence, toujours avec justesse, un rôle complexe et terriblement ambivalent qui lui sied à merveille, tant l'acteur est habité et n'hésite pas à aller jusqu'au bout (la violence des coups de tête sur le pare-choc de la voiture a été totalement improvisé par l'acteur; de même que la séquence où il plonge la tête sous l'eau dans la baignoire durant un temps suffisamment interminable pour que l'équipe de tournage soit sidéré et ne sache pas comment réagir face à cette apnée qui prenait des airs de suicide en direct). L'acteur est en état de grâce tant il parvient miraculeusement à trouver un point d'équilibre entre l'excès et le crédible. Et que dire de Marie Trintignant, totalement envoûtante et troublante dans l'un de ses premiers rôles: elle campe une adolescente ambigüe à l'extrême, à la fois angélique et manipulatrice. Le reste de la distribution est également exceptionnelle: Myriam Boyer touchante dans le rôle de la femme de Dewaere, et Bernard Blier qui campe un opportuniste avec cynisme et sobriété. Série noire, c'est surtout un récit sombre et complexe, qui prend sa source dans le quotidien morne et malsain de ces personnages pour les confronter à une situation exceptionnelle qui les bouleversera à jamais. Réflexion puissante sur l'homme, partagé entre l'aliénation d'une société toujours plus corrompu par l'argent et la beauté insaisissable de l'amour, Série noire est un récit de l'ambiguité, une descente aux enfers terrible et pourtant lumineuse, remarquablement mis en image par Alain Corneau dans une logique d'austérité, de froideur, d'atmosphère poisseuse sur fond de quotidien désabusé. A cet égard, la fin reflète l'ensemble du long-métrage: l'amour l'emporte sur la corruption, mais l'avenir est sans issue, probablement tragique. Une fin ambivalente pour un film qui ne l'est pas moins.

Série noire est une oeuvre remarquable, qui conjugue interprétation premium, script brillant, et mise en scène naturaliste, pour un résultat puissant et déstabilisant. Alain Corneau ne nous offre pas moins qu'un petit diamant noir avec ce film.

8/10



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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 14:39

Les Lumières de la ville est à la fois l'un des films les plus célèbres et l'un des plus représentatifs du style de Chaplin.
Le récit se base sur une histoire classique, mixant humour et émotion, burlesque et tragique, avec le talent si particulier de son auteur. Les Lumières de la ville se démarque par 2 ou 3 scènes mythiques: les séquences entières du restaurant et du club de boxe font partie des gags les plus parfaits de la carrière de Chaplin, tandis que la scène finale, où la vérité éclate, est un modèle de sensibilité et de sincérité, où les deux interprètes principaux accèdent à une pureté absolue dans leur jeu.

En dehors de quelques séquences pour le moins exceptionnelles, le long-métrage reste plutôt sage et sans constance: on est loin de l'alchimie humour/émotion/satire poussée à la perfection dans Les Temps modernes, ou encore de la mélancolie transcendante des Feux de la Rampe. Reste un film très plaisant, regorgeant d'idées, mais sans génie.

7/10



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Présentation

  • : Le Point Critique
  • : La longue élaboration de ce blog de critiques cinématographiques est le témoignage de ma passion pour le Septième Art. J'écris ces critiques davantage pour partager mon point de vue sur un film que pour inciter à le voir. Ainsi, je préviens chaque visiteur de mon blog que mes critiques peuvent dévoiler des éléments importants de l'histoire d'un film, et qu'il vaut donc mieux avoir préalablement vu le film en question avant de lire mes écrits.
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  • Depuis très jeune, l'art est omniprésent dans ma vie: cinéma, musique, littérature... Je suis depuis toujours guidé par cette passion, et ne trouve pas de plaisir plus fort que de la partager et la transmettre aux autres.
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