Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 22:53

Succès immense en son temps, Sur les quais est une oeuvre majeure du grand Elia Kazan en plus d'être l'un des meilleurs rôles de Marlon Brando.
Le film nous plonge au sein du milieu des dockers avec réalisme, et montre l'exploitation de la misère, la terreur exercée par les syndicats sur leurs employés, obligés de garder le silence sous peine d'être assassinés. Ce film d'Elia Kazan est donc une oeuvre engagée dans une période trouble des états-unis (mccarthysme), dénonçant les méthodes mafieuses et inhumaines de certains syndicats américains. C'est également l'occasion de voir Marlon Brando dans l'un de ses meilleurs rôles, dans un premier temps laconique, puis révolté après avoir pris conscience de l'injustice et de la violence du milieu où il évolue, suite aux interventions courageuses d'un prêtre profondément engagé et d'une femme dont il tombera amoureux. Eva Marie Saint campe son personnage de manière attachante et fragile, et Karl Malden est surprenant dans le rôle du prêtre. La mise en scène, sobre et profonde, donne le relief nécessaire à une histoire classique, parfois simpliste, mais toujours intense. Ce grand moment de cinéma est un festival d'émotions (haine, amour, violence, humour, impuissance) qui contient des scènes remuantes et poignantes: quand le prêtre s'adresse aux ouvriers dans les docks près des marchandises après la mort de l'un d'eux; la séquence où les deux frères s'expliquent dans la voiture; et bien-sûr la scène finale où Marlon Brando, seul contre tous, rempli de courage et de ressentiment, va parvenir à faire plier le patron des syndicats.
Sur les quais est donc un très bon moment de cinéma, romanesque et riche en tension en plus d'être socialement engagé. A voir assurément.

8/10



Partager cet article
Repost0
26 décembre 2009 6 26 /12 /décembre /2009 22:25

Film considéré comme culte dans les années 70, La colline a des yeux engendra un remake en 2006. Ce fut l'une des toutes premières oeuvres d'importance dans la carrière de Wes Craven. Au final, si le film n'exploite pas suffisamment son potentiel, et sombre parfois dans le grand-guignol, on peut reconnaître un certain savoir-faire qui réhausse le niveau général.
 En alternant moments de calme et séquences violentes, le cinéaste impose un rythme parfois maladroit, mais assez prenant, adaptant sa façon de filmer suivant le type de scènes. Et en utilisant les paysages arides et désertiques comme source de tension supplémentaire, Craven fait preuve d'un sens aigu de la mise en scène, exploitant au maximum les décors rocheux et autres herbes desséchées. Le scénario, après une mise en place réussi, s'avère moins inspiré dans la seconde partie. Quant aux interprètes, ils sont à l'image de leur personnage: transparents. A force de trop vouloir étoffer son atmosphère et sa mise en scène, Wes Craven en oublie l'un des points essentiels: les personnages. Aucun n'est réellement approfondi, et leurs réactions face au danger sont, au mieux, invraisemblables, et au pire, totalement ridicules. Quant aux mutants cannibales, avec leur apparence kitsch et grotesque, ils participent grandement à l'effet vieillot du film, et ne stressent jamais autant que lorsqu'on ne les voit pas (ce qui, une fois la première demi-heure passée, devient rare). Paradoxalement, le ridicule associée à une violence crue créent un climat assez malsain, et donc plutôt réussi.
A la fois plaisant et énervant, violent et inoffensif, réaliste et grotesque, malin et maladroit, prenant et lassant, La colline a des yeux est un film qui malmène le spectateur par l'inégalité constante de sa qualité. Mais au final, ce petit moment d'horreur reste de facture acceptable: l'histoire est particulièrement immersive et repose sur une idée de départ absolument géniale, malgré un rendu esthétique kitsch qui peine à résister au défilement du temps.

5/10



Partager cet article
Repost0
25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 22:39

Rosemary's baby fait partie des oeuvres les plus célèbres du prolifique cinéaste qu'est Roman Polanski. Cependant, fait-elle partie de ces meilleurs? Non, mais le film est quand même de qualité.
La véritable force de ce film, c'est de distiller, tel un poison doucereux, par petites touches, une tension sourde et subtile, jamais violente, mais constante, toujours en arrière-plan, qui envahit le spectateur de manière progressive. C'est le coup de génie de Polanski pour faire oublier un scénario peu original. En effet, cette histoire de sorcellerie est d'est plus classique, avec fils du diable, complot et paranoïa à la clef. Mais c'est dans sa façon de ne pas trancher avant la fin entre fantastique et réalisme que le scénario se démarque quelque peu. La mise en scène inspirée s'appuie sur un casting en or (Mia Farrow est idéale, John Cassavetes prouve qu'il n'est pas qu'un réalisateur de génie, Ruth Gordon est énergique et inquiétante à souhait) et un décor particulièrement adapté à la froideur de l'ambiance. Polanski fait également preuve d'intelligence en prenant bien son temps pour mettre en place les personnages, le cadre de l'histoire. Tout est remarquablement étudié. Le film se vit dans un premier temps comme une satire critique de l'envahissement des voisins dans le quotidien du couple, mais l'on se doute rapidement que quelque chose ne tourne pas rond, et que la suite prendra la forme d'une inévitable descente aux enfers. La fin, si elle déçoit quelque peu par sa sobriété austère, met en exergue la force insoupçonnable de l'instinct maternel, qui ressort vainqueur malgré l'horreur de la situation.
Rosemary's baby est une oeuvre intrigante et plaisante, qui brille davantage par le génie de sa mise en scène que par le manque d'originalité de son scénario. Du cinéma de qualité à savourer sans modération.

7/10



Partager cet article
Repost0
25 décembre 2009 5 25 /12 /décembre /2009 22:29

Les révoltés du Bounty, ou le face-à-face entre deux monstres sacrés dans une histoire légendaire, reste l'une des productions hollywoodiennes les plus célèbres de l'Histoire de cinéma.
L'une des grandes forces de la mise en scène de Franck Lloyd, c'est sa capacité à créer un récit d'aventures qui captive le spectateur sans jamais faire intervenir de scènes de combat. Ici, la vraie lutte est psychologique: l'atmosphère est remarquablement sobre et tendue, soutenue par un scénario solide à l'origine de personnages consistants. Il faut également souligner la majesté des décors, qui servent une reconstitution historique impressionnante de réalisme pour les moyens de l'époque. L'atmosphère est sans cesse au bord de l'implosion, les scènes de tension s'enchaînent, entrecoupées par de reposantes (mais rares) séquences d'exotisme. On pourrait presque dire qu'il s'agit là d'un huis-clos: en effet, l'essentiel de l'action se déroule à bord d'un navire, contrastant avec l'immensité de l'océan qui l'entoure. Ce navire est le théâtre d'une lutte sans merci entre deux personnages, et deux acteurs. Pour incarner le tyrannique capitaine Bligh, il fallait un acteur capable d'être détestable, tout en affichant une certaine profondeur: un acteur de la trempe de l'immense Charles Laughton, qui prête à merveille ses traits à cet odieux personnage. Lui et l'impeccable Clark Gable forment ainsi un duo (duel serait plus approprié...) d'une extraordinaire intensité: à chaque instant, la haine qui habite les deux hommes est perceptible, leurs relations sont au bord de l'explosion, on sent que tout peut basculer, et que tout va basculer, inexorablement. Les révoltés du Bounty est un vrai film d'aventure, aux valeurs nobles: il met en avant la nécessité de la révolte face à la tyrannie, et met en exergue la force d'être libre, et de ne pas obéir aux ordres d'un supérieur quand ces derniers sont inacceptables. Lloyd a l'intelligence de ne pas verser dans le manichéisme: ainsi, Fletcher Christian, le héros de l'histoire (interprété par Clark Gable), commet un acte répréhensible (abandonner des marins sur une barque en pleine mer), tandis que la force d'ambiguïtés du jeu de Charles Laughton parvient quasiment à rendre son odieux personnage attachant lors de certaines séquences. On peut même remarquer une certaine peinture des privilèges accordés aux personnes issues de familles de la haute société: ainsi, à la fin, l'un des personnages du film, fils d'un homme aux fonctions sociales importantes, est sauvé de la pendaison, tandis que les autres condamnés, issus de de milieu plus modeste, sont exécutés.
Franck Lloyd réalise là un grand film, épique et tendu, exotique et émouvant, qui, plus de 70 ans après sa création, continue de passionner sans prendre une ride. Les révoltés du Bounty fait partie des récits d'aventures hollywoodiens d'envergure, catégorie qui tend à se raréfier actuellement.

8/10



Partager cet article
Repost0
23 décembre 2009 3 23 /12 /décembre /2009 12:28

Un fauteuil pour deux est une comédie à connotation sociale typiquement british, et donc très plaisante à suivre.
Emmené par un casting sympathique, avec Dan Aykroyd et Jamie Lee Curtis en tête, Un fauteuil pour deux nous replonge avec plaisir dans le monde des années 80, et n'hésite pas à ce moquer de certaines dérives sociales. En effet, ce film se vit comme une satire du capitalisme pur et dur et du mode de vie bourgeois, d'autant plus plaisante qu'elle reste d'actualité. De plus, le scénario, plutôt solide, repose sur une idée de départ aussi loufoque qu'intéressante: deux patrons de banque font le pari d'échanger les rôles entre un membre éminent de leur établissement et un SDF noir, dans le but de savoir si c'est l'environnement d'origine qui fait l'individu. A travers les lignes du scénario, on peut également y voir une charge vraiment cynique sur l'influence de l'individu par l'argent: en effet, il suffit de ne plus en avoir pour perdre tous ses amis et connaissances. Bon, le film se repose quelques fois sur quelques lourdeurs ou autres gags un brin dépassés mais l'ensemble reste jovial, prenant et franchement plaisant.
Malgré une deuxième partie moins jubilatoire et plus prévisible, Un fauteuil pour deux est une comédie anglaise qui mélange cynisme et humour le plus pur dans un vrai cocktail rafraîchissant, qui fait passer un très agréable moment.

7/10



Partager cet article
Repost0
22 décembre 2009 2 22 /12 /décembre /2009 12:14

Amblin Entertainment

Il est bien triste de voir que la vision d'un film ne supporte parfois pas que l'on grandisse. Ainsi, Hook, qui faisait partie des films les plus magiques de mon enfance, me paraît maintenant beaucoup moins passionnant. Reste un ensemble qui suscite l'émerveillement, entaché cependant par la lourdeur des dialogues ou de certaines situations.
Spielberg a voulu réalisé un hymne à l'enfance éternelle avec cette réécriture (ou plutôt cette suite) du conte de Peter Pan. En confrontant l'innocence et la beauté de l'enfance avec la cruauté et la corruption du monde adulte, le réalisateur s'en est plutôt bien sorti tout de même, aidé en cela par des décors agréablement "faux" (on dirait des jouets), un casting sympathique (Dustin Hoffman en tête, et aussi Julia Roberts inoubliable en fée clochette amoureuse de Peter Pan), une musique parfaite et une mise en image qui donne lieue à des séquences qui n'ont rien perdu de leur féerie. Malheureusement, le scénario, partant d'un postulat original, se révèle vite prévisible et simpliste. Mais le pire, c'est sans aucun doute la la naïveté qui ressort de bon nombre de moments. Pourquoi? Un film pour enfants nécessitent-ils d'avoir recours à la niaiserie? C'est vraiment dommage.

Au final, Hook rappelle de bon souvenirs d'enfance, continue partiellement d'émerveiller, mais s'étouffe sous un amas de naïveté et de bons sentiments.

5/10



Partager cet article
Repost0
21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 12:13

Emir Kusturica réalise avec Arizona Dream un vrai poème cinématographique, un trésor d'émotions multiples qui nous invite dans un monde paisiblement hallucinogène sans jamais nous perdre en route.
Le talent de Kusturica, c'est de parvenir à faire émaner de chaque plan une poésie à la fois douce et complètement décalée, tout en conservant une capacité magique à faire surgir l'émotion ou le rire de façon inattendu. Pour donner vie au délire de Kusturica, il fallait un casting à la hauteur: on peut dire que le résultat dépasse les espérances. Johnny Depp est tout simplement fabuleux, donnant à son personnage l'énergie et la fascination nécessaire, secondé de manière surprenante par l'interprétation envoûtante de Lili Taylor, qui retranscrit magnifiquement les états d'âmes de cette jeune femme meurtrie, irritante dans un premier temps, puis bouleversante. A noter également les bonnes compositions de Faye Dunaway en mère éprise de liberté, Jerry Lewis en oncle aimant et Vincent Gallo en acteur de seconde zone pédant et maladroit. Dans son aisance à susciter aussi bien le rire que l'émotion, le scénario ferait presque penser à du Chaplin. Mais bon, on en est loin, tout de même... Bref, l'histoire est admirablement solide, agréablement barrée et regorge de thèmes intéressants: la liberté, l'amour, l'amitié, les relations filiales et familiales. Mais au-delà de ça, Arizona Dream est surtout un film qui exalte la puissance de l'imaginaire, des rêves. Tout, de la mise en scène inspirée au scénario tragi-comique en passant par la partition musicale (a priori complètement inadaptée, et pourtant, quelle merveille), participe à instaurer ce climat unique, addictif et rêveur que l'on ne voudrait jamais quitter.
Débridé mais lucide, tragique mais loufoque, comique mais émouvant, Arizona Dream joue sur de multiples tableaux et réussit à tous les niveaux. Voilà un véritable film, une vraie machine à rêves, comme rarement les cinéastes ont l'inventivité de créer. Arizona Dream, au-delà de livrer un portrait de l'Amérique, présente des vrais personnages auxquels on s'attache tous, et là, comme par magie, l'émotion la plus pure et la plus puissante naît. C'est cela, du grand art.

 9/10



Partager cet article
Repost0
21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 12:09

Pathé Distribution

Primé à Cannes et encensé aussi bien par la critique que le public, on était bien en droit d'attendre une merveille à la vision de ce Volver. Au final, si le film est entraînant et coloré, il reste curieusement trop sage: un résultat en demi-teinte, donc.
Avec Volver, Almodovar est comme hypnotisé (et on le comprend) par l'énergie et le charme de son casting presque exclusivement féminin. Cette troupe d'actrices, admirable de complicité, n'a d'ailleurs pas volé son prix d'interprétation, mené en cela par une redoutable chef de file: Penelope Cruz, magnifique. Et le cinéaste espagnol en oublie pratiquement sa caméra; c'est pourquoi, derrière l'extravagance du scénario, la mise en scène reste trop classique, pas assez concerné (certains plans du cinéaste sont tout de même reconnaissables entre mille), et laisse au film un arrière-goût d'inachevé, de retenu. Alors, tandis que certaines scènes passionnent, d'autres font retomber tout à plat. C'est vraiment dommage... Almodovar hésite sans cesse entre humour et gravité, sans jamais aller en profondeur dans les deux, si bien qu'au final, on rit rarement et on n'est presque jamais ému. On peut tout de même reconnaître l'originalité du scénario qui, même s'il reste trop timide (n'ayons pas peur des mots), s'affirme comme une ode à la gente féminine comme le cinéma en a très rarement donné. Ici, les femmes sont montrées comme solidaires, unies dans l'adversité et festives, tandis que les hommes sont pratiquement tous des obsédés sexuels (il va un peu loin le Pedro là...). Volver est également l'histoire d'une familiale tourmentée mais unie par des liens puissants.
Volver est un long-métrage inégal, mais agréable, qui manque d'émotions, mais divertit. Une oeuvre mineure dans la filmographie d'Almodovar qui restera en tête surtout pour la grâce de son casting de femmes. Volver est une déception (car il est largement surestimé), mais c'est un film correct dans l'absolu.

6/10



Partager cet article
Repost0
19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 14:01

Don't Look now est, par son ambiance et son aspect visuel, un thriller typique des années 70, tout en étant, par l'étrangeté de son scénario, un film totalement à part.
Ce film de Nicolas Roeg se suit sans déplaisir, emmené par un duo d'acteurs talentueux et une mise en scène inquiétant qui se sert de la ville de Venise comme cadre pour enrichir la force de son atmosphère. Mais malgré quelques scènes intéressantes et bien réalisées (la séquence où le couple fait l'amour, les 10 dernières minutes...), le spectateur décroche parfois de façon inexplicable. Il faut aussi souligner le fait que le film a pas mal vieilli. Où Don't look now se démarque des autres thrillers des seventies, c'est part l'inquiétante étrangeté de son scénario, à la fois confus et astucieux, ouvert et difficilement cernable.
Au final Don't look now est un petit film étrange, à mi-chemin entre fantastique et paranoïa, qui divertit à défaut d'hypnotiser.
6/10



Partager cet article
Repost0
15 décembre 2009 2 15 /12 /décembre /2009 21:23

Pour ma première incursion dans l'oeuvre de John Cassavettes, c'est un choc rarement éprouvé que je ressens. Tout, de l'intensité du jeu d'acteur, à l'intelligence du scénario et la sobriété de la mise en scène, concourt à faire d'Une femme sous influence un très grand moment de cinéma.
Derrière la caméra, John Cassavettes use avec intelligence de long plans-séquences pour mieux capter la force et la réalité de l'instant, d'autant plus qu'il laisse à plusieurs moments ses acteurs se livrer à de totales improvisations. La puissance qui en ressort est tout simplement époustouflante, et même paroxystique lors de quelques scènes ahurissantes (la crise de Mabel et le médecin qui tente de la calmer avant de l'interner, le retour de Mabel après six mois d'hôpital, le dernier quart d'heure avec les enfants et le couple). Le scénario, a priori simple, se révèle d'une subtilité étonnante, et n'a pas son pareil pou décrire la complexité des rapports humains et du couple, jouant avec une finesse extrême sur les non-dits, le trouble (au final, on ne sait pas vraiment quelle a été la raison du comportement de Mabel: pression sociale? passé difficile?). En effet, il suffit de quelques secondes, avec une phrase et un échange de regard pour montrer la relation trouble entre Mabel et son père (l'aurait-il violé dans son enfance?); quant à l'entourage, il se révèle ignorant, étouffant et donc destructeur pour la jeune femme. Seul le noyau familial central, c'est-à-dire le mari et les enfants, sont une source de bonheur pour elle. Et c'est là qu'Une femme sous influence se révèle une des plus fortes histoires d'amour du cinéma: son mari est à la fois aimant et rustre, mais il est le seul à tenter de la comprendre (c'est d'ailleurs profondément émouvant quand il se rend compte après son retour d'hôpital, où elle paraît complètement déshumanisé, qu'il l'aime telle qu'elle était vraiment), et elle est au service de son mari, totalement dévouée à faire son bonheur, car Mabel est une femme qui ne vit que pour être aimé, exprimant ses souffrances par son excentricité maladive mais finalement terriblement humaine. Interprétée par la sublime Gena Rowlands, en état de grâce, qui confère à Mabel une gestuelle, une profondeur et une humanité déchirantes presque jamais aussi bien exprimées au cinéma: c'est bien simple, elle ne joue pas le rôle, elle le vie, littéralement. Rarement interprétation n'aura été aussi indissociable d'un film: sans elle, le film n'a pas lieu d'être, et même quand elle n'occupe pas l'écran, son aura et sa prestance enveloppe le spectateur. C'est d'ailleurs cette implication générale (tous les autres acteurs sont bons, en particulier Peter Falk, qui se détache magistralement de son étiquette "Colombo") des comédiens et de l'équipe de tournage dans l'unification du projet qui crée cette urgence, cette vérité, cette émotion présentes à chaque instant et presque palpables. En prétextant la folie comme réponse au corps social et familial parfois destructeur, le film se vit comme une quête identitaire profonde doublée d'une peinture du couple essentielle et d'une ode à l'amour lumineuse.
Transcendé par la performance hallucinante de Gena Rowlands, qui, n'ayons pas peur des mots, signe tout simplement l'une des meilleures interprétations féminines de tous les temps, Une femme sous influence est un film immensément riche, profond, modeste et bouleversant, qui dépeint magnifiquement la complexité et l'ambiguïté de l'humain, en s'appuyant avec une admirable subtilité sur les non-dits, le trouble. L'urgence de la mise en scène instaure un climat unique, traversé par l'énergie de l'interprétation, où l'épure se lie à l'émotion dans un mélange inoubliable. Magistral.

10/10



Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le Point Critique
  • : La longue élaboration de ce blog de critiques cinématographiques est le témoignage de ma passion pour le Septième Art. J'écris ces critiques davantage pour partager mon point de vue sur un film que pour inciter à le voir. Ainsi, je préviens chaque visiteur de mon blog que mes critiques peuvent dévoiler des éléments importants de l'histoire d'un film, et qu'il vaut donc mieux avoir préalablement vu le film en question avant de lire mes écrits.
  • Contact

Profil

  • julien77140
  • Depuis très jeune, l'art est omniprésent dans ma vie: cinéma, musique, littérature... Je suis depuis toujours guidé par cette passion, et ne trouve pas de plaisir plus fort que de la partager et la transmettre aux autres.
  • Depuis très jeune, l'art est omniprésent dans ma vie: cinéma, musique, littérature... Je suis depuis toujours guidé par cette passion, et ne trouve pas de plaisir plus fort que de la partager et la transmettre aux autres.

Recherche

Archives