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20 novembre 2009 5 20 /11 /novembre /2009 22:58

Ad Vitam

Considéré comme l'un des chefs-d'oeuvre du néoréalisme italien, Le jardin des Finzi Contini promettait un moment de cinéma inoubliable. C'est sans compter sur une première partie plate et soporifique qui fait sortir le spectateur de l'histoire, mais c'est d'autant plus dommage que la fin du film prend une ampleur émotionnelle digne de sa réputation.
La forme donne souvent des signes d'essoufflement, donnant l'impression que le film a mal vieilli. De plus, les acteurs et l'histoire peinent à captiver dans un premier temps, nous donnant à voir des aristocrates juifs exercer des loisirs, certains personnages se lancer dans des discussions peu passionnantes... Bref, une première heure interminable, complètement dénué d'ambiance, d'émotion ou de profondeur, d'une lenteur vaine, qui suscitent l'inintérêt, et donc l'ennui. Heureusement, le film monte en puissance dans la dernière demi-heure: la relation ambiguë entre les deux personnages principaux parvient à intéresser le spectateur, notamment grâce aux acteurs, en particulier Dominique Sanda qui confère à son personnage une beauté mystérieuse et impénétrable simplement fascinante, remarquablement mise en valeur dans certains gros plans. On sent au fur et à mesure que l'étau se resserre autour des personnages, que l'insouciance est malmené par la cruauté de l'homme, l'histoire se dirigeant inexorablement vers la fatalité. Ainsi, la séquence finale, terriblement désenchantée, concentre toute la puissance émotionnelle du film. Les thèmes sont d'un classicisme éprouvé, mais ont le mérite d'être traités avec une certaine justesse: Vittorio de Sica signe un réquisitoire contre le fascisme, et par là-même, contre tout forme de fanatisme. Il s'intéresse à la puissance des souvenirs, à l'innocence de la jeunesse confrontée à l'absurdité de la guerre et des discriminations.
S'il ne mérite aucunement sa réputation, Le jardin des Finzi Contini vaut le détour pour sa deuxième partie, nostalgique et fataliste, avec en point d'orgue la terrible scène finale. Habité par la prestance fascinante de Dominique Sanda, le film est une romance classique, pessimiste et ennuyeuse où les personnages se retrouvent emportés dans le tourbillon de l'Histoire.

5/10



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15 novembre 2009 7 15 /11 /novembre /2009 16:02


Troisième film du réalisateur de Donnie Darko, The Box est un hommage au film fantastique des années 70. Partant d'un postulat de départ étrange mais néanmoins plausible, le récit glisse lentement dans le fantastique avec la seconde partie. Un film divertissant, plaisant et intriguant mais quelque peu inabouti.
The Box
repose sur un scénario ambivalent: à la fois simple et embrouillé, maladroit et fascinant, nourri de références aux grands classiques du cinéma fantastique des années 70 et parcouru de symboliques aussi bien scientifiques et philosophiques que théologiques. Cette histoire quelque peu déroutante et bien heureusement mise en scène avec un talent certain: Richard Kelly, jamais dans l'esbrouffe, toujours dans la sobriété et l'envoûtement visuel, instaure une ambiance très marquante avec des moyens très modestes. La musique (qui fait d'ailleurs penser à la composition des films d'Hitchcock), les acteurs, la lumière et le cadrage suffisent à engendrer le suspens, à susciter le mystère et l'intérêt. Parfois conventionnel (surtout dans la première partie), le film s'autorise néanmoins des petits détours originaux et complexes qui caractérisent si bien le style de Richard Kelly, et même l'émotion pointe le bout de son nez vers la fin. The Box se veut être une réflexion sur les conséquences de ses actes, la conscience et l'humanité, mais cette ambition louable n'est pas suffisamment développée pour véritablement faire réfléchir le spectateur.
 Le nouveau film de Richard Kelly est un objet de cinéma intrigant et plaisant, mais un peu en demi-teinte: pas tout le temps maîtrisé, parfois maladroit ou académique, qui gagne toutefois en originalité dans sa seconde partie. Une curiosité à découvrir.

 6/10


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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 14:15



Considéré comme l'un des meilleurs films de la période anglaise d'Alfred Hitchcock, Les 39 Marches suscitait un intérêt certain, mais, ayant vu peu de films du prolifique cinéaste, je ne pouvais, même après l'avoir vu, confirmer cette information. En tout cas, je peux affirmer que Les 39 Marches est un film sympathique, mais largement surestimé.
Caractérisé par un scénario classique et sans surprise (à part peut-être la fin, reposant sur un rebondissement introuvable), Les 39 Marches est beaucoup plus intéressant au niveau de la mise en scène. Alfred Hitchcock arrive à susciter l'intérêt, à créer une atmosphère, un suspens (tout de même beaucoup moins efficace que dans ses meilleurs films, tels que Les Oiseaux) mais cette force de mise en scène n'agit que par instants, et non sur toute la durée. Les silhouettes sombres qui parcourent le film sont particulièrement bien faites, notamment au début dans la scène où le personnage principal emmène une femme chez lui, ou encore dans le théâtre à la fin. Si la partie se déroulant en Irlande est intrigante, elle manque toutefois d'une vraie atmosphère. A noter la très bonne scène où le personnage se réfugie chez un couple d'autochtones pour échapper à la police, avec un échange de regard très bien pensé lors du dîner, ou encore, lorsqu'il se fait passer pour un homme politique lors d'une conférence. Sinon, la qualité d'ensemble est rehaussé par Robert Donat, à l'aise dans son rôle d'homme traqué, et un casting féminin solide, dominé par la superbe présence de Madeleine Carroll.
Au final, un petit film d'espionnage inégal, très plaisant, mais très limité par un scénario peu solide.

6/10


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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 14:40
Océan Films


L'auteur de La Tourneuse de pages reste dans le cadre de la musique avec ce film. Il propose un angle peu commun sur le thème: ici, l'art est excessivement exigeant et donc destructeur.
L'interprétation sobre des acteurs sert très intelligemment l'austérité du film: ainsi, Richard Berry, par ailleurs remarquable, est particulièrement glacial lors de ses accès de colère. Le cinéaste Denis Dercourt explore un monde qu'il connaît bien (il pratique la musique) et en livre une vision à la fois sombre et ambiguë: à travers le personnage du père frustré par une carrière de soliste qui lui a échappé et qui perçoit comme une chance pour ses enfants de leur inculquer son savoir afin d'en faire de véritable musicien classique: c'est un homme en souffrance, insensible aux opinions de ses enfants car aveuglé par le sentiment de leur offrir une vraie opportunité pour devenir des êtres exceptionnels, projetant ses ambitions passées sur sa progéniture afin de voir en eux ce qu'il aurait pu être. Les idées de transmission, d'éducation sont exprimées à travers ce personnage assez complexe, en apparence dénué d'émotion, et dont son seul sourire du film apparaît à la fin, quand sa fille revient. Le fils, complètement isolé et désensibilisé du monde, réfugiant sa solitude derrière un usage minime de la parole, prisonnier d'un monde qu'il n'aime pas (on sent que l'histoire est sa vraie passion) est particulièrement émouvant quand on ressent son humanité lutter contre le sacrifice qu'exige la recherche de la perfection ( il se rattrape de la trahison envers sa soeur en se blessant intentionnellement, et regagne ainsi l'amour de sa soeur tout en anéantissant sa carrière toute tracée). La fille, tiraillée entre héritage et émancipation, est également emmurée dans des abîmes de souffrances que son premier amour va libérer. Mais, habituée à l'éducation inculquée par son père et craintive à l'idée de perdre son talent, elle finira par retourner dans ce monde hors nomes, où l'exigence maladive est synonyme de réussite, où le travail acharné est le véritable moyen de devenir exceptionnel.
Mes enfants ne sont pas comme les autres est un film intéressant, modeste et résolument austère. Denis Dercourt filme de façon ultra-classique un scénario simple mais source de réflexion pertinente, posant des questions importantes sans jamais y répondre. Un bon petit film.

6/10


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1 novembre 2009 7 01 /11 /novembre /2009 12:40



    Réalisé au début de l'ascension de la carrière de Chaplin, Le Cirque ne fait pas partie des films les plus renommés du cinéaste. A juste titre d'ailleurs, car, même si son efficacité comique reste  supérieure à beaucoup de production actuelle, il s'agit là d'un Chaplin mineur, surtout comparé à ses plus grands chefs-d'oeuvre.  
 Le film démarre sur les chapeaux de roues, avec un alignement de gags hilarants à un rythme effréné. Dommage que la seconde partie tombe un peu dans la répétition, comme si Chaplin accusait un petit manque d'inspiration. Malgré cela, le film se regarde avec un plaisir enfantin, dont le sommet constitue la scène où Chaplin s'improvise funambule, et, dans une moindre mesure, le moment où le vagabond atterit dans un labyrinthe de miroirs. Véritable hommage aux artistes itinérants, Le Cirque dépeint également la cruauté du monde du spectacle, et ne cesse de confronter la cupidité à l'innocence de l'homme. Avec Le Cirque, Chaplin joue à fond la carte du burlesque, et c'est d'ailleurs pour cela que le film perd un peu de sa magie: où sont passées la poésie, la profondeur et l'émotion qui caractérisent si bien ses plus grandes oeuvres? Le personnage de Charlot suscite toujours autant le rire: Chaplin lui confère une gestuelle, une maladresse et une naïveté vraiment uniques. Mais le célèbre personnage au chapeau noir brille par-dessus tout par son humanité: la générosité dont il fait preuve envers la jeune femme dont il tombe amoureux prend tout son sens dans le sacrifice final, où Charlot organise le mariage entre la femme et l'homme qu'elle aime. Et lui, fidèle à son titre de vagabond solitaire, s'en va seul au loin, libre et en route vers sa destinée.
 Même s'il contient une scène d'anthologie comique (Chaplin funambule), Le Cirque ne convainc  que partiellement, à cause d'un cruel manque d'émotion. Reste qu'il s'agit d'un digne représentant du cinéma burlesque, ce qui est en soi déjà pas mal.

 6/10


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  • : Le Point Critique
  • : La longue élaboration de ce blog de critiques cinématographiques est le témoignage de ma passion pour le Septième Art. J'écris ces critiques davantage pour partager mon point de vue sur un film que pour inciter à le voir. Ainsi, je préviens chaque visiteur de mon blog que mes critiques peuvent dévoiler des éléments importants de l'histoire d'un film, et qu'il vaut donc mieux avoir préalablement vu le film en question avant de lire mes écrits.
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  • Depuis très jeune, l'art est omniprésent dans ma vie: cinéma, musique, littérature... Je suis depuis toujours guidé par cette passion, et ne trouve pas de plaisir plus fort que de la partager et la transmettre aux autres.
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