Réalisateur de bon nombre de films devenus cultes (Fame et Midnight Express en tête), Alan Parker signe avec Mississippi Burning une oeuvre sans surprises mais d'une force étonnante, l'une des pièces maîtresses de sa filmographie.
Basé sur le canevas habituel des deux flics que tout oppose obligés de s'associer, le récit s'organise de manière très classique. La force de Mississippi Burning, c'est la mise en scène implacable d'Alan Parker conjuguée au brio de l'interprétation. Gene Hackman est, comme souvent, parfait: il trouve le juste équilibre entre virilité et sensibilité, à l'inverse de Willem Dafoe, plus sobre. Jusqu'aux seconds rôles, l'interprétation est solide: en témoigne la composition marquante de Frances McDormand. Parker excelle à rendre compte du quotidien d'une petite bourgade du fin fond des Etas-Unis, engluée dans ses traditions, son puritanisme, et sa haine de l'étranger. Outre son aspect évidemment dénonciateur du racisme, le récit pose une question éminemment intéressante: comment changer une mentalité entretenue depuis des décennies? Comment s'extirper de préjugés raciaux quand on est conditionné dans la haine depuis l'enfance? A cet égard, la plus belle réplique du film, attribuée à Frances McDormand, met parfaitement en lumière l'ambiguité des choses: "On ne naît pas avec la haine. On l'apprend. On la respire." Rajoutant même avec une pointe de désespoir: "On l'épouse." Ainsi, le film nuance quelque peu ces personnages qui agissent aveuglément, utilisant l"humiliation et la violence pour servir leur idéologie excécrable. Dans la deuxième partie, le cinéaste américain s'interroge sur les solutions à adopter pour résoudre ce problème, à l'instar des policiers hésitant sur la technique d'intervention (usage de la force, de la violence, ou pas?). Au final, c'est par l'intimidation et la manipulation, sans avoir recours à la violence, que la police viendra à bout de cette communauté raciste.
Mississippi Burning fait partie de ces oeuvres qui prouvent que classicisme ne rime pas forcément avec académisme. Un film intense, révoltant, et prenant, l'un des meilleurs d'Alan Parker.
8/10