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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 08:50
Paramount Pictures France

Comment égaler un monument de la littérature à suspens sans diluer son intensité? Comment retranscrire au cinéma une atmosphère si éprouvante qu'elle happe le lecteur dans une spirale de tension, de folie et de barbarie? Comment structurer un récit remplit de fausses pistes, de rebondissements et d'hallucinations? Comment incarner un personnage principal excessivement complexe? Adapter Shutter Island, le roman de Dennis Lehane, c'est répondre à toutes ces questions et à bien d'autres encore... Martin Scorsese, littéralement tombé amoureux de l'histoire, s'est engagé dans cet ambitieux projet. Le pari était de faire aussi bien que le livre... Au final, qu'en est-il?
Soutenue par une bande-son très riche (notamment le sublime morceau de Max Richter intitulé On the nature of daylight), la mise en scène de Martin Scorcese se scinde en deux parties: classique lors des phases d'enquête, poétique lors des séquences rêvées. Si le lyrisme des scènes d'onirisme crée parfois une véritable émotion, la plupart du temps, ce trop-plein de flash-backs manque d'intensité et traduit surtout un manque certain de subtilité. Dans ce récit à mi-chemin entre rêve et réalité, les acteurs se démènent plutôt bien: Léonardo DiCaprio est plutôt crédible dans un rôle extrêmement difficile, même s'il lui manque la puissance nécessaire à ce genre de rôle (la scène cruciale de la révélation finale et du flash-backs qui l'accompagnent manquant cruellement d'intensité à cause de ça), Mark Ruffalo, en retrait, tout en sobriété, montre la justesse de son jeu à la seconde vision du film, et Ben Kingsley étonne par son calme angoissant. Le film perd un peu de l'angoisse du livre mais retranscrit fidèlement l'histoire. Toutes les thématiques du roman de Dennis Lehane sont reprises: la folie humaine (vision pessimiste et violente de la nature humaine), l'humanité de la folie (incarnée par un personnage principal détruit par la vie), et certaines amplifiées, comme l'évocation de la barbarie nazie (d'ailleurs Scorcese appuie un peu trop sur la plaie avec une abondance de scènes plus ou moins inspirées sur le sujet). Si le réalisateur mythique de Taxi Driver ne délaisse pas totalement le côté thriller de l'histoire, sur fond d'enquête policière et de complots généralisés, on sent rapidement qu'il se concentre presque totalement sur l'aspect psychologique. Du coup, les indices permettant de trouver la fin abondent (ma vision n'est pas objective puisque, ayant lu le roman, je connaissais déjà la révélation finale).

Shutter Island ne démérite pas: l'adaptation était périlleuse, et même si le résultat n'est pas à la hauteur du livre, cela reste un bon moment de cinéma, parfois maladroit ou prenant, parfois maîtrisé ou peu subtil, bref un film légèrement bancal, mais rehaussé par une fin géniale d'ambiguïtés (avec cette superbe phrase qui nous laisse dans le mystère quant à l'état du personnage principal: vaut-il mieux vivre en monstre ou mourir en homme de bien?) qui le rend globalement supérieur à une bonne partie de la production actuelle.

 7/10


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commentaires

R
Oh, cool movie! The whole film I had no idea, where is the truth. Even at the end I wasn't sure.
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A
Waw, j\'apprécie votre travail, merci pour votre aide, et je suis d\'accord avec vous... J\'insiste, oui votre article est vraiment très bon, et spécialement pour les néophytes comme moi... Désolé pour les éventuelles fautes, n\'étant pas francophone, j\'ai utilisé un outil de traduction en ligne.
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  • : Le Point Critique
  • : La longue élaboration de ce blog de critiques cinématographiques est le témoignage de ma passion pour le Septième Art. J'écris ces critiques davantage pour partager mon point de vue sur un film que pour inciter à le voir. Ainsi, je préviens chaque visiteur de mon blog que mes critiques peuvent dévoiler des éléments importants de l'histoire d'un film, et qu'il vaut donc mieux avoir préalablement vu le film en question avant de lire mes écrits.
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  • julien77140
  • Depuis très jeune, l'art est omniprésent dans ma vie: cinéma, musique, littérature... Je suis depuis toujours guidé par cette passion, et ne trouve pas de plaisir plus fort que de la partager et la transmettre aux autres.
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