13 mars 2010
6
13
/03
/mars
/2010
22:05
Raging Bull s'impose définitivement comme la seconde meilleure collaboration entre Scorcese est De Niro, derrière Taxi Driver.
Si Scorcese ne s'est pas lancé dans une fresque mafieuse comme il en a l'habitude, il dépeint tout de même avec justesse le milieu de la boxe de l'époque, et par extension, des paris de la pègre qui s'y rapportent. La beauté du noir et blanc, le réalisme et l'intensité des combats, qui suintent véritablement la sueur et le sang, la violence des colères du personnage, Scorcese nous offre une réalisation très riche, où plans-séquences, flashs photographiques, et autres cadrages particulièrement étudiés, retranscrivent une émotion, une violence, une tension présente dans l'action et impliquent littéralement le spectateur, pour mieux mettre en avant le caractère d'un personnage, la performance d'un acteur. Robert De Niro, alias, Jake La Motta, est tout simplement sidérant, n'hésitant pas à prendre une trentaine de kilos; il est secondé par un Joe Pesci impeccable et la méconnu mais néanmoins talentueuse (et très belle) Cathy Moriarty. Avec ce rôle très dense, De Niro parvient à mettre à profit la puissance et la diversité de son jeu, à s'investir pleinement dans la peau d'un personnage détestable, aussi impressionnant de violence dans ses accès de colère que dans ses silences tendus, aussi juste dans ses moments de doute et de désarroi que dans la prétention qu'il affiche pour mieux se dissimuler. Son personnage, issu d'un milieu modeste, sûr de lui et animé d'une volonté de fer, accède à la célébrité et fonde une famille. Il devient de plus en plus égocentrique, sombre dans la paranoïa et l'autodestruction, et se coupe totalement des autres et de lui-même. Bouffi, abandonné par ses proches, il termine son existence comme animateur dans un bar miteux, et, malgré la tournure misérable qu'a pris sa vie, il semble continuer à se battre, à vouloir être le "patron", comme il dit. C'est ce parcours de la déliquescence d'un homme allant jusqu'au point de non-retour, que filme admirablement le cinéaste de Taxi Driver.
Histoire de l'ascension et de la déchéance d'un homme, peinture sans concession du milieu de la boxe et de la pègre, portrait d'un être névrosé, égocentrique et violent, Raging Bull est un récit épique mis en valeur par une réalisation qui ne l'est pas moins. Sans atteindre le chef-d'oeuvre, Martin Scorcese accouche assurément d'un grand film. 8/10