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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 22:34

http://media.rtl2.fr/online/image/2011/1222/7741233637_les-crimes-de-snowtown.jpg

Dernier symbole du renouveau du cinéma venu des lointaines contrées australiennes, Les crimes de Snowtown clôt l'année cinématographique de 2011 sur une note particulièrement sombre et morbide.
 Justin Kurzel, pour son premier film, ne choisit pas la facilité. Avec un ton cru, presque documentaire, il s'attelle à un sujet particulièrement retors: la lente déchéance dans les abîmes de l'inhumanité. L'histoire prend corps dans une banlieue grisâtre, véritable terreau de misère et de désespoir, où chacun traîne derrière lui sa crasse et ses tourments psychologiques. Tout est déjà là, enfouit, potentiellement prêt à exploser. Il suffit qu'un inconnu à l'allure poupon débarque de nulle part pour allumer la mèche: progressivement, il recompose les morceaux d'une famille brisée en séduisant mère et enfants par son charisme, en même temps qu'il intègre une communauté fascinée par sa harengue fascisante. Le film se vit comme une métaphore sur le mal comme incarnation capable de manipuler les foules en exploitant les tensions, les frustrations, pour parvenir à ses fins: ainsi, Jamie, l'individu qui débarque dans le cadre bien déterminé de départ, parvient-il à diffuser sa morale moribonde et son sens de la justice expéditive. Le récit suit l'aîné de la famille, un adolescent qui, jusque là, souffrait en silence, et qui se retrouve confronté à une relation ambivalente avec Jamie, qu'il admire (en tant que substitution de la figure paternelle) tout en étant ébranlé par l'extrême violence gratuite dont il est capable. Le jeune cinéaste australien ne conte rien de moins qu'une "initiation" au mal. Jamie se comporte comme un père envers l'adolescent, c'est-à-dire qu'en le détruisant psychologiquement il l'éduque à devenir comme lui: un être déshumanisé, sans respect aucun pour la vie humaine. En cela, Les crimes de Snowtown explore la confrontation passive face au mal, la longue résignation psychologique d'un adolescent, qui, à force d'assister à cette violence qui l'insupporte, finit par devenir insensible. Et la mise en scène, qui, dans l'escalade de violence, se fait lourdement insistante et répétitive dans la dernière partie, fait écho à cette volonté d'éprouver psychologiquement le spectateur pour lui faire partager le point de vue du jeune homme.

Les crimes de Snowtown est une oeuvre d'une noirceur et d'un désespoir vertigineux, qui, sur la longueur, peut se révéler plombant. Ce n'est pas un film sur la contamination par le mal, mais, encore plus terrible, sur la résignation de l'être humain à l'accepter.

7/10

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  • : Le Point Critique
  • : La longue élaboration de ce blog de critiques cinématographiques est le témoignage de ma passion pour le Septième Art. J'écris ces critiques davantage pour partager mon point de vue sur un film que pour inciter à le voir. Ainsi, je préviens chaque visiteur de mon blog que mes critiques peuvent dévoiler des éléments importants de l'histoire d'un film, et qu'il vaut donc mieux avoir préalablement vu le film en question avant de lire mes écrits.
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  • julien77140
  • Depuis très jeune, l'art est omniprésent dans ma vie: cinéma, musique, littérature... Je suis depuis toujours guidé par cette passion, et ne trouve pas de plaisir plus fort que de la partager et la transmettre aux autres.
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