Cinéaste au style déjanté inimitable, Quentin Tarantino revient en force, cinq ans après Jackie Brown, pour le premier volume de Kill Bill.
Sur presque deux heures, le réalisateur de Pulp Fiction maintient un rythme hallucinant, qui emporte le spectateur dans un tourbillon de violence, de pastiche et de souffle, aidé en cela par une B.O. simplement dantesque: un pur plaisir des oreilles qui participent activement au bonheur procuré par ce film. Si le scénario ne se révèle bon qu'à compiler différents styles de cinéma qui ont bercé l'enfance du cinéaste (les références aux films d'arts martiaux y côtoient celles des films d'auteurs, des séries B ou encore du manga), l'histoire à proprement parler étant pleinement assumé comme minimaliste, la mise en scène apporte une toute autre dimension. Lyrique et survoltée, ample et virtuose, la caméra emmène le film vers des sommets d'intensité. Kill Bill s'affirme comme l'oeuvre d'un cinéaste qui ose tout, quitte à se ridiculiser, qui prend son pied à mixer des styles a priori antagonistes, et s'amuse à marier le grotesque et le sublime dans une seule et même symphonie délirante. Les séquences s'enchaînent à la perfection, le récit, reposant essentiellement sur un personnage auquel Uma Thurman prête ses traits avec talent, s'impose comme un modèle de divertissement jouissif. L'introduction, anthologique, brille par la beauté de sa photographie et sa brutalité sans concession. Quant à la longue séquence de massacre dans la seconde partie du film, elle s'autorise un ridicule décomplexé, voulu, qui se révèle aussi lassant et vain que virtuose et jouissif. Cependant, il est intéressant de remarquer que Tarantino trahit ici quelque peu sa patte artistique, en se refusant toute longue séquence dialoguée, se concentrant totalement sur le déluge visuel.
Fun, jubilatoire, épique, osé, grotesque, Kill Bill volume 1 est un plaisir coupable de haute volée, qui ne repose pour ainsi dire que sur une mise en scène, somptueuse, et une actrice, géniale.
9/10