GOLDEN DOOR

 

Avec Golden Door, Emanuele Crialese signe une fresque historique admirablement documenté et mise en scène, mais qui manque singulièrement de souffle et de rythme.
La mise en scène, tout à tour réaliste et poétique, marque par son esthétique léchée et inspirée. La finesse des plans, la crédibilité des costumes, la force des acteurs, permettent de restituer l'ambiance de l'époque même si la reconstitution historique est volontairement ignorée, faute d'un budget suffisant. Seulement, Crialese pense trop à soigner ses plans, et sa réalisation pâtit d'un manque de rythme et d'émotion. Le scénario, simple et linéaire, invite le spectateur à suivre le parcours de ces immigrés siciliens en quête du Nouveau Monde, de la terre promise d'Amérique. La bonne idée est d'accompagner ce sujet classique d'instants oniriques burlesques et inspirés qui traduisent les pensées idéalisées du personnage principal au sujet de l'Amérique. Golden Door interroge le spectateur sur l'immigration, la volonté de sortir de la misère, le rêve américain, la perte des illusions, l'absurdité et la cruauté de la sélection des immigrés lors de leur entrée dans le Nouveau Monde. Mais Crialese s'intéresse également au destin d'un peuple qui doit apprendre à se conformer, à abandonner sa culture pour en intégrer une autre. Si le film traîne parfois en longueurs, notamment dans la première partie, il retrouve un second souffle par l'interprétation envoûtante de Charlotte Gainsbourg. Le reste du casting est également admirable, Vincenzo Amato en tête.

Golden Door est une belle fresque qui pallie son manque évident de moyens par une mise en scène soignée et un casting parfait.

7/10