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14 novembre 2009 6 14 /11 /novembre /2009 22:28
Jacquette DVD. Paramount Pictures France


Fasciné par la musique, Craig Brewer se plonge dans le monde du blues pour son deuxième film. Ici, la musique n'est pas seulement un fond sonore, mais un personnage à part entière qui influe sur les situations et définit les émotions.
Empreint d'une ambiance à mi-chemin entre érotisme et mélancolie, le film sonde les souffrances de l'âme humaine avec une grâce et un savoir-faire uniques. La fluidité et le rythme de la mise en scène conjugués à la richesse et au tempérament du scénario font merveilles. L'histoire met en scène des personnages paumés, en perte de repères, écorchés par la vie, et qui retrouvent espoir en se rencontrant: en s'évertuant à soigner Rae, Lazarus réapprend à vivre et à aimer. Parcouru de séquences saisissantes d'émotions (la scène où Lazarus joue de la guitare devant Rae sous un orage spectaculaire, ou encore l'altercation bouleversante de violence entre la mère et la fille dans le supermarché), le film montre la vie comme un va-et-viens entre espoir et désenchantement, bonheur et souffrance. L'atmosphère, typique du sud américain, se révèle chaude et sensuelle à souhait, nous plongeant dans une petite bourgade du Tennesse, où noirs et blancs cohabitent au rythme du blues et à la même dévotion en faveur de la religion. Craig Brewer définit la musique de façon très originale dans Black Snake Moan: le blues est à la fois présenté comme une musique rythmée et sulfureuse, mais aussi comme une expression mélancolique de la souffrance, un moyen d'exhorter les impuretés du corps, et comme un terrible chant d'amour. Soutenu par une B.O. d'enfer, ce pur plaisir de cinéma indépendant américain reste inoubliable pour son duo d'acteurs: Christina Ricci, fragile et incandescente, trouve le rôle de sa vie, et Samuel L. Jackson, faillible et imposant, réussit une des meilleures prestations de sa carrière. Le dernier quart d'heure surprend, et fait craindre le pire en sombrant dans la moralisation naïve et le happy-end malhonnête. C'est sans compter sur l'intelligence du cinéaste, qui a le bon goût de clôturer son film sur une note particulièrement ambiguë.
Black Snake Moan opère un mélange original entre l'art musical et cinématographique, en utilisant le cinéma comme métaphore de l'histoire d'un genre musical, et en imposant la musique comme moteur d'une histoire de cinéma. Le second film de Craig Brewer est une ode à l'amour et à la nécessité de l'espoir, un envoûtant blues d'âmes brisées qui apprennent à renaître.

8/10


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commentaires

C
Bonjour, je suis tombée au hasard sur ce weblog au cours d une recherche sur free. Il avait dit vrai c très bien. :-) Bonne soirée. Sarah
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  • : La longue élaboration de ce blog de critiques cinématographiques est le témoignage de ma passion pour le Septième Art. J'écris ces critiques davantage pour partager mon point de vue sur un film que pour inciter à le voir. Ainsi, je préviens chaque visiteur de mon blog que mes critiques peuvent dévoiler des éléments importants de l'histoire d'un film, et qu'il vaut donc mieux avoir préalablement vu le film en question avant de lire mes écrits.
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  • julien77140
  • Depuis très jeune, l'art est omniprésent dans ma vie: cinéma, musique, littérature... Je suis depuis toujours guidé par cette passion, et ne trouve pas de plaisir plus fort que de la partager et la transmettre aux autres.
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