AMER

Passé inaperçu en salles, Amer mérite une seconde chance en DVD. Après l'avoir vu, une seule phrase vient à l'esprit: enfin un film français vraiment audacieux et original!
Dans Amer, l'importance apporté au corps, pour suggérer aussi bien le plaisir que la souffrance, et au décor, pour instaurer une ambiance, suffit à remplir le film. Le travail organisé sur les éclairages, les successions de plans, leurs cadrages et la piste sonore témoigne d'une soif de cinéma inépuisable et d'un véritable savoir-faire. A travers 3 étapes-clés de la vie d'une femme, Amer nous livre un portrait schizophrénique plus intéressant qu'il n'y paraît, où désir, souffrance, peur, solitude et frustration s'entrecroisent au sein d'une seule et même symphonie sensitive. Beaucoup seront rebutés par la lenteur et la mise en image particulière de l'expérience, mais le résultat vaut le coup d'être vu tant il ressemble à un songe éveillé, un cauchemar monochrome et inquiétant. Hommage au giallos d'Argento et Mario Bava, Amer n'en demeure pas moins un objet de cinéma étrange qui échappe à toutes règles, à toute morale, et impose sa vision à part entière en se démarquant de ces influences qu'il revendique. Il ne reste plus qu'à ces admirables créateurs de formes que sont Hélène Cattet et Bruno Forzani de canaliser leur trop-plein d'inventivité visuelle et d'apprendre à gérer un rythme pour tutoyer des sommets. Vu le potentiel affiché avec Amer, on ne peut qu'être confiant sur l'avenir des deux cinéastes...

 6/10