Après Seven, David Fincher réaffirmait son goût pour les ambiances sombres et les scénarii manipulateurs avec The Game. Seulement, la barre était montée tellement haut avec Seven, que The Game ne pouvait d'emblée pas prétendre à jouer dans la même catégorie... impression confirmée après les 2h du film.
Comment détruire quelqu'un socialement et affectivement en un minimum de temps, tel est l'enjeu de ce film qui accumule les rebondissements durant plus de 2h. Pur exercice de style, The Game emporte le spectateur dans une spirale de manipulations, de jeu de dupes, et de tensions. Le principal défaut de ce tour de passe-passe réside dans un scénario qui se veut original et surdoué mais se révèle au final plus roublard qu'intelligent: en effet, ce dernier obéit à une mécanique faussement subtile et totalement invraisemblable, à l'inverse de Seven, où le génie résidait dans un scénario manipulateur mais surtout terrifiant de crédibilité. Ici, l'histoire ne prend jamais en compte le libre arbitre du personnage principal: chacun de ses mouvements, de ses actes, de ses choix est minutieusement prévu, comme si l'homme n'était finalement qu'une machine authentiquement prévisible. Et c'est en ce sens que The Game faiblit, par cet espèce de reniement de l'intelligence et de l'instinct humain face aux moyens techniques et financiers. Reste un film potentiellement jouissif, prenant, à l'ambiance particulièrement tendue et paranoïaque, où Michael Douglas et Deborah Kara Unger mènent impeccablement le jeu.
Si les faiblesses narratives de The Game sautent aux yeux, David Fincher les englobe d'une mise en scène sombre et rythmée. On se laisse donc prendre au jeu dans ce film prétentieux mais qui s'envisage comme un pur plaisir coupable.
7/10