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19 juillet 2010 1 19 /07 /juillet /2010 22:43

Injustement sous-estimé par la critique et l'auteur lui-même qui n'y voyait qu'un film de commande, Le crime était presque parfait fait pourtant partie des plus grand films d'Alfred Hitchcock.
Adapté d'une pièce de théâtre à succès, le scénario du film se révèle incroyablement élaboré: les personnages sont admirablement esquissés, le suspens est idéalement entretenu, et l'intrigue se révèle fine et solide. Devant la caméra d'Alfred Hitchcok, le résultat est tout simplement de grande qualité. Soutenu par une très belle photographie (notamment lors de la superbe séquence de la tentative de meurtre), le cinéaste fait preuve d'une maîtrise totale: l'intrigue étant en huis-clos, chaque plan de caméra est minutieusement étudié, et le décor, les objets ainsi que les dialogues sont d'une extrême importance, que ce soit pour dévoiler des indices, ou pour faire monter la tension à son comble. Et, au final, le film n'ennuie jamais malgré la restriction du lieu et du petit nombre de personnages. Au contraire, suivre le déroulement de l'intrigue se révèle passionnant, tant l'engrenage fatal nous subjugue. La mise en scène nous met davantage à la place du mari qui projette de faire assassiner sa femme: le spectateur ressent la tension de l'évolution des situations, l'angoisse de l'étau qui se resserre. Les acteurs sont impeccablement dirigés par un cinéaste vraiment inspiré.

Ce qui n'était qu'un film de commande pour Hitchcock se révèle être l'un de ses films les plus efficaces, où la tension est la plus palpable, la jubilation la plus évidente. Le crime était presque parfait est évidemment un grand film.

8/10



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19 juillet 2010 1 19 /07 /juillet /2010 18:57

Collection Christophe L.

Célèbre photographe de la fin des années 60, Jerry Schatzberg s'est ensuite imposé comme un pilier du cinéma des années 70, notamment avec L'épouvantail, son oeuvre la plus réputée, et Panique à Needle Park, son deuxième film.
Jerry Schatzberg parvient magistralement à rendre passionnant un récit qui manquait d'originalité sur le papier. Son approche quasi-documentaire, son style vif et tendu, font ici merveille. Schatzberg dresse des portraits de personnes en marge de la société, nous raconte leur quotidien, et suit leur descente aux enfers dans le quartier de Needle Park, lieu de concentration des arrivages de drogue, une sorte de "Harlem pour blancs". Plus largement que la drogue, le cinéaste s'intéresse tout d'abord à des hommes et des femmes en perdition, au moyen de gros plan particulièrement sensible qui donne toute cette humanité aux personnages, et avec ces longs plans éloignés qui rendent toute cette vérité aux situations. Panique à Needle Park, c'est l'histoire d'une femme timide et sensible qui découvre une autre facette de la vie avec un homme insouciant et ambitieux qui se met en tête de la séduire, c'est le récit de la naissance d'un amour confronté à la drogue, et de comment cet amour tente de survivre dans un tel milieu d'auto-destruction. Le superbe plan-séquence final, sans paroles, voit les deux amoureux, perdus, se retrouver malgré la trahison, malgré l'addiction: la vie continue, leur amour aussi. Le film se conclut là-dessus, il n'y a rien à ajouter: le cinéaste va à l'essentiel. Schatzberg se démarque également comme un formidable directeurs d'acteurs: Al Pacino, pour la première fois à l'écran, trouve l'un des meilleurs rôles de sa carrière, et l'inconnu Kitty Winn fait office de révélation tant elle éblouit le film de sa sensibilité, de son innocence qui peu à peu se consume. Elle a d'ailleurs très justement été récompensé d'un prix d'interprétation à Cannes, mais on ne l'a plus revu après. Cinéma, monde cruel...

 La démarche ultra-réaliste de Jerry Schatzberg, fondée sur une mise en scène à la lisière du documentaire et une direction d'acteurs exceptionnels, fait de Panique à Needle Park un film important des années 70, et l'un des plus grands films traitant de la drogue.

8/10



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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 15:42

Après Que la bête meure, Jean Yanne repassait devant la caméra de Claude Chabrol avec Le boucher, énorme succès public à l'époque.
Claude Chabrol s'approprie les thèmes classiques des films noirs, avec cette histoire de tueur en série. Mais là où le film se distingue, c'est par son traitement, par l'ambivalence de son récit. Ainsi, Chabrol brosse des portraits de personnage avec finesse: le tueur en série est présenté comme un être tourmenté par son passé de soldat, un personnage terriblement humain malgré l'atrocité de ses crimes, et qui tombe amoureux; l'institutrice est une personne belle et innocente qui s'attache à cet homme. C'est avant tout cette terrible histoire d'amour impossible que filme Chabrol. Le cinéaste met en scène son récit en jouant sur deux tableaux: la tendresse porté aux personnages et l'authenticité des situations du quotidien, mais aussi sur une tension sourde et croissante, qui atteint son paroxysme vers la fin. Chabrol filme admirablement, et s'appuie sur l'interprétation de ses deux comédiens principaux: Jean Yanne est exceptionnel, en cela qu'il parvient à rendre toute l'ambiguité de son personnage, et Stéphane Audran confère une beauté et une innocente pureté à son personnage.

Admirablement mise en scène et interprété, Le boucher est un film noir et tendu autant qu'une subtile analyse de l'amour et de l'être humain. A voir, assurément.

8/10



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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 15:41

Admirablement accueilli par le festival de Cannes et la presse française, Tournée prouve le talent polyvalent de Mathieu Amalric, aussi à l'aise derrière que devant la caméra.
Filmé sobrement et avec maîtrise, ce long-métrage étonne surtout par la générosité de son propos, et le regard plein de tendresse qu'Amalric porte sur ses personnages: les personnages principaux sont touchants d'humanité, dont le producteur de la tournée au passé douloureux volontairement flou. L'acteur d'Un conte de Noël se révèle impeccable dans le rôle-titre, accompagné d'une troupe d'actrices stupéfiantes de vie, et aux physiques pour le moins inhabituels. Le récit nous plonge dans le monde du strip-tease "New Burlesque", et nous fait découvrir ses caractéristiques fantaisistes. Au-delà de ça, Tournée est un film sur la naissance de l'amour entre deux êtres paumés, une ode à la vie et au plaisir qu'elle nous réserve, tout autant qu'un récit mélancolique sur les blessures qu'elle nous inflige.

Mathieu Amalric concocte une oeuvre touchante, humaine, d'une sensibilité et d'une générosité exacerbées. La récompense obtenue à Cannes et les éloges des critiques sont peut-être excessives, néanmoins, il s'agit là d'un beau film.

7/10



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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 17:32

Mars Distribution

Après Un prophète, voici un nouveau film sur l'univers carcéral, mais qui aborde cette fois-ci les pénitentiers pour mineurs. Il s'agit de Dog pound, le second film du français Kim Shapiron, après Sheitan.
Pour un cinéaste peu expérimenté, Kim Shapiron fait preuve de lucidité, et surtout, d'une maîtrise étonnante: sa mise en scène, nerveuse et sobre, ne cède jamais aux effets. Elle illustre parfaitement un récit classique mais puissant. En effet, le scénario accuse quelques maladresses, en s'appuyant sur certains clichés des films de prison, mais se distingue par une belle étude de personnages ( les pentionnaires, et leurs gardiens), une analyse forte d'adolescents perdus, une dénonciation des instituts pénitentiaires pour mineurs aux Etats-Unis, ainsi que par quelques éclairs de violence ébouriffants. L'histoire progresse de manière classique, parfois prévisible, mais conserve une force primale, une intensité vertigineuse qui trouvent leur paroxysme lors de l'explosion finale, qui démontre de manière radicale l'inanité et, pire, la dangerosité, des traitements infligés aux pentionnaires. Mais tout cela n'aurait pas un tel effet sur le spectateur si l'interprétation n'avait pas été à la hauteur. Une fois de plus, Chapiron fait preuve de talent: il dirige ses acteurs à la perfection, chacun est étonnant de justesse, avec, en tête, la révélation Adam Butcher, exceptionnel dans la peau d'un adolescent aux terrifiants déchaînements de violence.

Dog pound est une surprise comme l'on aimerait en voir plus souvent, une oeuvre forte, pleine de bruit et de fureur, qui remue les trippes comme rarement. Kim Shapiron y fait preuve de sobriété dans le traitement, de force dans le propos, et de talent dans la direction d'acteurs: un coup d'essai radical et puissant.

8/10



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8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 09:55

Columbia TriStar Films

Cinéaste aux récits très éclectiques (chacun de ces films aborde un genre différent), Paul Thomas Anderson se distingue par une mise en scène très classe qui est devenu sa marque de fabrique.
Passée une introduction étrange, Punch-Drunk love gagne en lisibilité, même si son atmosphère reste originale et décalée. La mise en scène d'Anderson aligne les plans-séquences et autres effets de caméra qui s'appuient sur une photographie minutieusement étudiée pour créer ainsi de superbes plans de cinéma: rarement une comédie n'aura été mise en scène de façon aussi précise, aussi classe. Alors, certes, ce parti pris visuel a tendance à frustrer, notamment lors de certaines séquences soutenues par une BO expérimental assez horrible. Mais l'énergie des acteurs (Adam Sandler en tête) et le comique décalé des dialogues et des situations font de Punch-Drunk love un film de qualité. Le scénario, plutôt abstrait de prime abord, prend ensuite la tournure très classique de la comédie romantique. En dehors des quelques facilités de ce scénario légèrement paresseux, les thématiques qu'il véhicule sont abordées avec justesse: la fadeur du quotidien, l'oppression familiale, l'amour comme élément libérateur, la solitude.

Paul Thomas Anderson surprend avec Punch-Drunk love, une oeuvre au potentiel comique fort et à l'atmosphère décalée, malgré quelques sautes de rythme volontaires et particulièrement dommageables.

7/10



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7 juillet 2010 3 07 /07 /juillet /2010 23:03

Mars Distribution

Après L'Auberge espagnole, Cédric Klapisch nous offre la possibilité de retrouver le trentenaire en mal d'amour joué par Romain Duris avec Les Poupées russes. Et c'est avec un réel plaisir que l'on retrouve le style rafraîchissant du cinéaste ainsi que la galerie de personnage du premier opus.
La réalisation de Klapisch a tendance à rester sur la même ligne que L'Auberge espagnole, en faisant preuve d'une inventivité iconoclaste joyeuse et divetissante. Sympathique mais prévisible, voire parfois cliché, le scénario se concentre davantage sur les questions d'amour qui assaillent le personnage principal, et nous offre une jolie carte postale mélancolique à travers différents pays (France, Angleterre, Russie). On peut regretter un certain manque de substance, de densité, mais toujours est-il que le plaisir est au rendez-vous. Les personnages sont très attachants: Romain Duris est particulièrement à l'aise dans son rôle de trentenaire paumé, les seconds rôles tenus par Cécile de France et Audrey Tautou sont attrayants, mais c'est bien Kelly Reilly qui illumine le film de sa beauté et de son jeu: c'est bien simple, on tombe amoureux à la fois de l'actrice et du personnage.

Les Poupées russes est donc une suite parfaite à L'Auberge espagnole, en conservant la même énergie, la même ambiance, la même émotion et le même plaisir. Si le récit parvient à susciter l'intérêt malgré ses maladresses, c'est bien l'actrice Kelly Reilly qui nous conforte dans l'idée qu'il s'agit là d'un film vraiment plaisant.

7/10



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3 juillet 2010 6 03 /07 /juillet /2010 15:12

Ce qui débute comme une comédie sentimentale acide se révèle être une oeuvre beaucoup plus dérangeante et sombre. C'est Happiness, de Todd Solondz, l'un des fers de lance du cinéma indépendant américain.
La mise en scène reste très classique, et le rythme pâtit légèrement d'une longueur trop étirée: nous allons donc davantage nous attarder sur la richesse et l'originalité d'un récit à la fois juste et d'un cynisme dévastateur. Attaque en règle de la société américaine, Happiness prend également une tournure beaucoup plus globale, en s'interrogeant sur l'homme. Le film de Todd Solondz est dérangeant en ce sens où il pose un regard ambiguë sur ce qu'il filme: ainsi, le comble du cynisme est de nous proposer une vision à la fois tendre et ironique sur chacun des personnages, qu'ils soient naïfs, hypocrites, solitaires, ou encore obsédés sexuels. Chacun à leur manière, pris en étau dans un quotidien fade et sans surprises, ils se lancent dans une quête du bonheur. En évoquant cette notion de bonheur, le film reste très ouvert, ne proposant jamais vraiment de réponses, évitant ainsi tout discours moralisateur. S'il réserve quelques moments particulièrement comiques, Happiness est sans conteste un film dénonciateur, à l'ironie acide et au cynisme parfois dérangeant, choquant, qui illustre un propos beaucoup plus noir qu'il n'y paraît.

Peinture du vide et de la solitude existentiels, de la misère sexuelle, Happiness s'interroge sur la part d'ambivalence qui sommeille en chacun de nous, et livre un portrait décadent d'une société américaine caractérisée par une régression des rapports humains. Un film intéressant, même si la forme n'est pas au niveau du fond.

7/10



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29 juin 2010 2 29 /06 /juin /2010 10:37

Peu habitué à la sobriété, Zhang Yimou y parvient pourtant avec Epouses et concubines, une oeuvre réaliste au message fort.
Sur le plan visuel, Zhang Yimou manifeste autant d'intérêts pour les couleurs vives (avec le rouge des lanternes) que pour les tons froids et oppressants. L'austérité globale de la mise en scène souligne le climat d'enfermement qui pèse sur les personnages. Ce traitement volontaire de l'aspect visuel du film se révèle à l'image du scénario: déconcertants de froideur au départ, ils prennent une toute autre ampleur dramatique dans la seconde partie. Le scénario se distingue par sa solidité exemplaire, sa richesse thématique et son issue totalement désespérée. Incontestablement, Epouses et concubines est une oeuvre engagée: ouvertement féministe, critique à l'égard de la polygamie et, plus globalement, d'un monde régi par des traditions ancestrales absurdes qui privent les femmes de leur liberté et de leur humanité. Tout au long des 2h de film, Zhang Yimou analyse les rapports entre les femmes du maître de maison: les rivalités, les amitiés qui se nouent, les jeux de faux-semblants et de manipulations, la résignation, et les sentiments de révolte. D'un tel film, on ne peut que regretter quelques fautes de rythme qui suscitent parfois l'ennui, car tout le reste se tient à la perfection.

En conclusion, Epouses et concubines est une oeuvre à charge contre le traitement inhumain des femmes au nom de traditions archaïques. Si le film déçoit dans un premier temps par une austérité excessive, il gagne en puissance au fur et à mesure d'un récit incroyablement fort et abouti.

7/10



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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 10:00

A l'origine, Cashback est un court-métrage d'une dizaine de minutes, à mi-chemin entre la comédie et la poésie. Deux ans plus tard, son réalisateur, Sean Ellis, décide de réutiliser les plans de son petit film pour développer l'histoire et donner ainsi naissance à un long-métrage. Cashback, c'est en premier lieu une réflexion décalée sur le temps. A travers une idée de scénario plutôt bien trouvé, Sean Ellis livre une vision à la fois légère et sensible sur la vie dictée par les heures qui s'écoulent, sur le désir, sur l'art, sur l'amour, et sur les rêves de chacun. Et même s'il cède parfois à un sentimentalisme un peu mièvre et à un comique légèrement régressif, l'ensemble reste enthousiasmant. Outre une histoire particulièrement originale, c'est la mise en scène qu'il convient de saluer ici. En effet, Sean Ellis, vraiment inspiré, crée avec tout un jeu de mouvements de caméra et de lumière, une ambiance totalement nouvelle, incroyablement immersive, et qui illustre à merveille aussi bien le potentiel comique et émotionnel de son scénario que les thématiques abordées. On se surprend à rester émerveillé devant certains plans de caméra: la transition entre le lieu de l'appel téléphonique et la chambre du personnage, le ralenti dans l'escalier ou encore la transition entre une file d'attente d'enfants dans la rue et le retour à l'intérieur du magasin, et bien-sûr, la séquence où le personnage arrête le temps et peint les corps nus des clientes du supermarché.

Cashback est un moment de cinéma totalement plaisant, qui parvient à susciter aussi bien le rire (lors de séquences à l'humour régressif mais qu'importe) que l'émotion (avec quelques scènes à l'atmosphère très paisible, planante), et ce malgré quelques maladresses.

7/10



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Présentation

  • : Le Point Critique
  • : La longue élaboration de ce blog de critiques cinématographiques est le témoignage de ma passion pour le Septième Art. J'écris ces critiques davantage pour partager mon point de vue sur un film que pour inciter à le voir. Ainsi, je préviens chaque visiteur de mon blog que mes critiques peuvent dévoiler des éléments importants de l'histoire d'un film, et qu'il vaut donc mieux avoir préalablement vu le film en question avant de lire mes écrits.
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  • Depuis très jeune, l'art est omniprésent dans ma vie: cinéma, musique, littérature... Je suis depuis toujours guidé par cette passion, et ne trouve pas de plaisir plus fort que de la partager et la transmettre aux autres.
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