BOULEVARD DU CRÉPUSCULE

Plus connu sous le nom original de Sunset boulevard, Boulevard du crépuscule s’est affiché au fil des décennies comme une œuvre mythique de l’âge d’or d’Hollywood. Boulevard du crépuscule fait partie de ces films très réputés qui ne déçoivent pas, tant ils allient la forme au fond.
La mise en scène de Billy Wilder conduit le récit de façon classique, mais vraiment plaisante, la narration étant particulièrement inspirée (la voix-off est utilisée de manière très originale). Peinture d’un cinéma muet disparu, enterré par l’arrivée du son, et des conséquences qui en résultent, Boulevard du crépuscule nous plonge dans le Septième Art de façon passionnante, en décrivant l’évolution du cinéma, de son rapport à la célébrité, l’argent, de l’importance du scénario, du fonctionnement des studios et des difficultés à percer dans le milieu. Le film brosse également à merveille ses personnages avec, pour sujet central, ce portrait d’une ancienne vedette du muet, passée instantanément de la lumière à l’ombre, et qui, malgré ses nombreuses richesses matérielles, est accablée par la solitude et cette perte brutale de reconnaissance. Le plus intéressant réside dans l’ambivalence de ce personnage, interprété par Gloria Swanson, à la fois repoussant par son égocentrisme outrancier, et déchirant d’humanité par son le profond mal-être qui l’habite. La distribution prestigieuse, qui voit par exemple William Holden et Erich Von Stroheim se donner la réplique, se révèle également très intéressante, dans le sens où elle fait coïncider la réalité et la fiction : en effet, Gloria Swanson, Cecil B. Demille ou encore Buster Keaton, qui jouent dans le film, ont été des grandes vedettes du cinéma muet.

 Boulevard du crépuscule est une œuvre passionnante sur la modernisation d’un art, synonyme de fin d’un système, sur les coulisses du cinéma, sur le statut d’artiste et son rapport à la célébrité, ainsi que l’éternel lutte entre l’argent et l’amour. Un grand film.

8/10